Louis Vuitton et l’Art contemporain
Louis Vuitton marque les esprits en ce début d’année par sa collaboration avec l’artiste japonaise Yayoi Kusama. Mais qui se souvient que ce n’est pas leur première collaboration ? En effet en 2012, Marc Jacob alors directeur artistique de la maison, se rapprocha de l’artiste pour une première collection.
C’est l’occasion de revenir sur les collaborations les plus marquantes de cette grande maison du luxe avec l’Art contemporain.
Louis Vuitton collabore depuis plus de 20 ans avec des artistes contemporains. Dès son arrivée en 1997 comme directeur artistique de Louis Vuitton, Marc Jacobs collectionneur éclairé, décide d'inviter des pointures de la création mondiale à collaborer avec lui.
>2001
Stephen Sprouse est le premier en 2001 et certainement l'une des collaborations les plus appréciées de la marque. Designer américain, rendu célèbre au début des années 80 grâce au mélange qu’il propose entre le style « streetwear » et la mode des quartiers chics. Marc Jacobs propose à Stephen Sprouse d’utiliser ses talents de graffeur pour s’approprier le monogramme et créer une nouvelle signature plus moderne et audacieuse.
En 2009, Louis Vuitton rend hommage au célèbre artiste disparu quelques années auparavant en lançant une édition limitée inspiré de la première collaboration.
>2003
Takashi Murakami est un artiste contemporain japonais avec qui Louis Vuitton a démarré sa collaboration en 2003.
Pour la première fois, les 2 univers créatifs de l’artiste et du directeur artistique (en l’occurrence Marc Jacobs) vont s’imbriquer et développer plusieurs collections innovantes, ce qui va donner naissance au plus long partenariat de l’histoire de la maison (13 ans).
Ensemble ils vont réinterpréter les classiques de la marque avec notamment l’imprimé monogramme multicolore en 2003 qui remporte un grand succès, la ligne « Monogram Cerises » en 2005 puis le « Monogramouflage » en 2008. Avec Murukami, naît le croisement réussi entre oeuvre d'art et article de luxe
>2012
En 2012, afin de poursuivre la mission que s’est donné la maison Louis Vuitton de promouvoir l’art contemporain, Marc Jacobs se rapproche de l'artiste japonaise Yayoi Kusama après avoir visité son atelier et constaté avec admiration que celle-ci avait peint de nombreux pois colorés sur l’un des sacs de la marque de luxe.
Yayoi Kusama est une artiste contemporaine japonaise avant-gardiste, connue dans le monde entier pour ses impressionnantes installations immersives. Touchée par un trouble obsessionnel, elle décline des pois à l’infini, envahissant l’espace. Son art est décrit comme hypnotique et coloré.
Même si ce n’est pas la première collaboration de Marc Jacobs avec des artistes, celle-ci va marquer le début d’une stratégie de promotion beaucoup plus vaste avec notamment l’ouverture de boutiques éphémères aux concepts inspirés de l’univers de Yayoi Kusama à NY, Hong Kong, Singapour, Tokyo, Londres et Paris.
Dix ans plus tard et pour sa deuxième collaboration avec l’artiste, Louis Vuitton a vu les choses en grand ! Impossible de passer à côté des œuvres insolites accompagnant le lancement : avatar de l’artiste en 3D à Tokyo, vitrines animés avec notamment un automate plus vrai que nature place Vendôme, sculpture géante sur le toit de la boutique des Champs-Elysées dont la façade a été recouverte de pois pour l’occasion.
Louis Vuitton a travaillé durant près de 18 mois sur le projet et son lancement assuré par une campagne aussi spectaculaire que mondiale. Contrairement à la première collaboration cantonnée au prêt-à-porter, la nouvelle inclus des accessoires, des parfums et des malles, intitulée "Creating Infinity".
>2017
En avril 2017, l'artiste contemporain américain Jeff Koons signe une collaboration avec Louis Vuitton autour de cinq chefs d'œuvres de la peinture occidentale. Il s’agit de la « Master Line ». Il revisite, à la demande de Delphine Arnault, cinq sacs en reproduisant cinq chefs d’œuvres de la peinture occidentale : la Joconde de Léonard de Vinci, La Gimblette de Fragonard, La Chasse au tigre de Rubens, Mars et Venus de Titien et Champs de Blé avec Cyprès de Van Gogh.
>2021
En 2021, Louis Vuitton fait appel pour la deuxième fois à Urs Fischer, après une première expérience en 2019. Cette fois, la collaboration créative s’étend davantage puisque l'artiste suisse a apposé sa patte si particulière sur plusieurs pièces de prêt-à-porter, sneakers, accessoires et maroquinerie, dont les sacs iconiques de la maison : le Keepall, l’ Onthego, le Neverfull et le Speedy. Pour l’occasion, Urs Fischer a revisité l’emblématique signature de la Maison en réinventant les fleurs de Monogram et les initiales LV pour les décliner dans des versions manuscrites qu'il assimile à des croquis. Une collaboration audacieuse et décalée, à l’image de l’artiste suisse dont les silhouettes ultra graphiques s’accompagnent d’un univers visuel composé de personnages fantaisistes animés.
Conclusion
En multipliant les collaborations artistiques et en ouvrant sa fondation dédiée à l’Art contemporain, Louis Vuitton s’est imposé comme la maison de luxe la plus en pointe dans cette union de l’Art et de la mode.
Ce lien étroit entre les deux univers n’est certes pas nouveau, dès 1965 Yves Saint Laurent collaborait avec l’artiste Mondrian et présentait une collection de robes reprenant les motifs abstrait du célèbre peintre néerlandais. Mais cet attrait s’est fortement développé ces 10 dernières années.
Art et Artisanat d’exception fusionnent donc à nouveau pour le plaisir des collectionneurs et le bénéfice des maisons de luxe et des artistes.
C’est un vecteur puissant d’échange de légitimité et de notoriété internationale, permettant aux maisons de luxe d’acquérir une dimension symbolique. Ainsi l’Art accompagne leur montée en gamme et souligne leur différence et leur identité dans un marché toujours plus avide de spectaculaire.
Jusqu’où et pour combien de temps ? Pour commencer, il faut bien reconnaître que toutes les collaborations ne sont pas forcément réussies. Un sac à main n’a pas vocation à mettre en valeur tous les types de talents.
Ensuite, les collaborations artistiques s’étant multipliées dans tous les niveaux de gamme, la surenchère ou la banalisation sont devenues des risques quasi inévitables. L’Art contemporain pourrait devenir un territoire commun à trop de maisons, au point d’émousser l’intérêt des clients.
Fanny Mruck
Commentaires
Enregistrer un commentaire