Made in France, il reste tant à faire !
La MIF Expo s'est déroulée la semaine dernière à Paris, m’offrant l'occasion de faire le point sur le "Made in France" dans le secteur de la mode.
Les 30 dernières années ont été marquées par une désindustrialisation continue du pays, faisant chuter la part de l’industrie dans le PIB à moins de 10%. Or, le "Made In France" ne peut exister sans un outil industriel et du personnel compétent pour le faire tourner.
En effet, la libéralisation des échanges au niveau mondial a conduit de nombreux industriels à délocaliser leurs productions, pour baisser les coûts tout en conservant le maximum de valeur ajoutée.
Le constat de notre hyper dépendance vis-à-vis de l'étranger induit par cette stratégie, particulièrement évident lors de la pandémie de la Covid-19, a finalement incité nos pouvoirs publics à soutenir la réindustrialisation du pays.
Le "Made In France" signifie recréer des emplois et agir pour le développement durable, deux thèmes majeurs des préoccupations actuelles. Selon l'IFOP, 59% des Français prennent en compte le pays de fabrication, et 56 % estiment qu'il est difficile de trouver des produits fabriqués par des PME engagées dans la production "Made in France".
On ne peut que se réjouir de voir l’intérêt des consommateurs et de plus en plus de marques jouer la carte du "Made In France", domaine dans lequel Agnès B fait figure de pionnière, car elle a toujours soutenu ses partenaires industriels locaux.
Mais il reste encore beaucoup à faire. Une enquête réalisée en 2017 auprès de 49 000 consommateurs dans 52 pays nous apprend que le "Made In France" se classe seulement en 8ème position (Cf. graphique), loin derrière l’Allemagne et même l’Union Européenne.
Certes, l'étude n'est pas centrée sur la mode et le luxe, mais ils contribuent tellement à la renommée de notre pays que les personnes interrogées n’ont pu en faire abstraction. D’ailleurs, pour la maroquinerie et les chaussures, le "Made In Italy" est considéré comme plus qualitatif que le "Made In France". Notre savoir-faire n’a donc pas encore complètement convaincu nos voisins.
Le patriotisme économique, pratiqué par des pays comme l’Allemagne et le Japon, n’est pas aussi répandu chez nous. C’est aux entreprises d’y remédier, car acheter français ne peut pas être qu’une posture militante.
Le "Made In France" doit être synonyme de haute qualité, d’excellence, de désirabilité, de prestige, d’authenticité, d’innovation etc. Bref, toutes les qualités permettant de satisfaire les clients, même les plus exigeants.
L’industrie du luxe, qui a réussi à maintenir et à développer dans le pays des filières d’excellence, doit servir d’exemple, en y ajoutant les volumes pour générer des économies d’échelle afin de rendre accessible le "Made In France" au plus grand nombre, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Le prix est sûrement son plus grand défi, et l'inflation sa plus grande menace.
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